samedi 2 octobre 2010

Chapitre 17 : Ma première journée de travail à l'ERT, Part 3

Le lendemain, je décide de tester le bistrot de l'ERT. Je décide donc d'aller prendre mon petit-déjeuner directement à l’ERT, sans passer par la case cantine. J'arrive dans le petit matin blême à l’ERT, j’ai été au vestiaire passer ma tenue de travail pour la journée, puis je me suis dirigé vers le bistrot.

Qu’est-ce-que j’avais pas fait là ! Le chef du bistrot m’est alors tombé dessus comme une tonne de briques. C’était aussi le chef d’une des sous-sections de l’ERT. Je ne me souviens plus de son nom. Comment vous le décrire ? Je crois que le plus simple, c’est de vous dire que c’était ce qu’on appelle communément un beauf. Mais vraiment, il ressemblait de façon frappante au beauf de Cabu. Il était petit, gros, dégarni, avec une grosse moustache, et de grosses lunettes. Et son passe-temps préféré c’était gueuler.. sur tout et tout le monde.
Il m’est donc tombé dessus, et à commencé à m’engueuler, je ne sais même plus pourquoi, mais je me souviens m’être dit dans ma tête « OK, j’ai compris, fini le petit-dej à l’ERT, dès demain direction cantine ». Et c’est exactement ce que je fis dès le lendemain. Autant dire que mon employabilité (merci Mr Chirac) à l’ERT démarrait sous les meilleurs auspices.

Mais revenons à mon premier jour de travail. Dès que la journée commença, j’eu la nette sensation qu’une divinité quelconque avait décidé de me punir de quelque chose que j’avais dû faire dans une vie antérieure pour me faire avoir un travail aussi pourri. Je ne me souviens pourtant pas d’avoir été un nazi massacreur d’enfant, mais bon, j’ai bien dû faire quelque chose d’aussi hard ou autre chose d’équivalent pour me retrouver en compagnie de cette bande de débiles.

On aurait dit l’un des 7 cercles de l’enfer de Dante. Déjà, il y avait mon ami Bagot, dont je vous ai parlé plus haut. Inutile de vous dire que sa compagnie n’était pas exactement des plus stimulantes intellectuellement. Mais en plus, je détestais ce boulot idiot qui consistait à faire des tâches répétitives toute la journée sans même pouvoir s’asseoir, le tout en crevant de froid dans un hangar métallique à peu près aussi chaleureux que le regard de Sarkozy quand on lui dit qu’il porte des talonnettes.

J’en étais donc là de mes réflexion philosophiques quand arriva –enfin ! – l’heure du déjeuner. Je quittais le plus rapidement possible cet enfer métallique pour me précipiter à la cantine et déjeuner dans une ambiance chaleureuse avec mes amis. Après avoir déjeuné, il me restait un peu de temps, et je décidais d’aller vite fait chercher quelque chose dans ma chambre. Je ne me souviens plus de ce que c’était, mais le planton qui était de garde à la semaine fut assez gentil pour me laisser aller dans ma chambre vu que normalement, à cette heure-là, c’était interdit. J’avais donc récupéré ce que j’avais été chercher et j’étais sur le chemin du retour à l’ERT. Sentant une sorte de boule dans ma poche, je me souvint alors qu’il s’agissait de la petit radio de poche que j’avais acheté 20 francs dans un bazar à Bois-colombes pour me tenir informé. Oui, car j’ai toujours aimé l’information. Je me souviens du jour de démarrage de France Info et de LCI, les premières radio et télé toutes infos, et je les avais suivies toutes deux dès le 1er jour.

J’allumais donc ma petite radio, déjà préréglée sur France Info, et je mis les écouteurs dans mes oreilles. Et c’est là que je subis un choc, une véritable déflagration. Car mon premier jour de travail à l’ERT, c’était le lundi 8 janvier 1996. Le jour de la mort de François Mitterand. Au début, je n’ai pas compris de qui il s’agissait. J’avais bien compris que quelqu’un était mort, mais les gars qui parlaient à la radio ne disaient pas qui. Et tout d’un coup, un des annonceurs annonce : « Nous vous rappelons donc que François Mitterand, ancien président de la république est décédé ce matin à l’âge de … ».
Oh le choc ! Bien sûr, on savait qu’il était malade, mais bon, moi en tout cas, je pensais qu’il allait mieux que ça. Je ne m'y attendais pas du tout.

Et là, comme si cette première journée à l'armée dans ce boulot pourri n’avait pas été assez merdique, boum, la mort de Mitterand ! Oui, parce que moi, j’étais fan de Mitterand. C'était MON président. J’avais 9 ans quand il avait été élu pour la première fois. Et il était de gauche, comme moi. Pour tout dire, à cette époque-là, il n’y avait pas grand-monde qui pensait que Chirac ait la carrure d’un président. Il a peut-être l’image d’un gars calme maintenant, mais pendant très longtemps il a eu la même image que Sarkozy : celle d’un arriviste agité, mais en plus grand.

Et puis la première fois que j’avais voté de ma vie j'avais 20 ans, c'était en 1992. J’avais voté « Oui » à Maastricht, parce que Mitterand me l’avait demandé, parce que l’Europe c’était son truc. Et moi je lui avait fait confiance. Je devais par la suite grandement nuancer mes positions sur l’Europe (beaucoup trop libérale à mon gout). Mais bon dieu, ce que je l'avais aimé, Mitterand. Et tout d’un coup, voilà. Plus de Mitterand. Ça m’a vraiment mis un gros coup au moral. Et le pire, c’est quand j’ai entendu, toujours sur ma radio, que des gens s’étaient rassemblés spontanément sur une place à Paris, je ne me souviens plus laquelle. Et moi, coincé à 350km de là en Lorraine sur cette putain de base aérienne, alors que je n'avais qu'une envie, c'était rejoindre les autres sur cette place pour lui rendre hommage. Bien sûr, des années après, ça peut paraître bête, mais sur le moment, sous le coup de l'émotion, c'était vraiment ce que j'avais envie de faire.

Le soir, je suis allé dans la salle télé pour voir si il n'y aurait pas un hommage à Tonton. Il y en avait surement sur d'autres chaines, mais les blaireaux qui constituaient le public de la salle télé avaient choisi ce soir-là de regarder Double Impact avec Jean-claude Van Damme sur M6 !!! Je te dis pas les intellectuels ! Enfin merde, quoi, l'homme qui avait dirigé la France pendant presque 15 ans venait de mourir, et eux tout ce qui les intéressait c'était de voir un belge analphabète cocaïné savater des chinois fourbes et cruels ! Merde ! Y'a pas à dire, dans des instants comme ça, on ressent quand même une assez grande solitude.

Autant vous dire que j'ai très vite écourté mon séjour dans la salle télé.

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