lundi 8 mars 2010

Chapitre 16 : Ma première journée de travail à l'ERT, Part 2

Donc : premier jour de travail à l'ERT. Déjà, ce qui frappe, c'est le froid glacial qu'il fait là-dedans. Mais je vous l'ai dit, c'est un hangar, et allez donc chauffer un hangar.
Un des chefs nous prend en main, nous les nouveaux, et nous montre nos placards au fond du hangar. Oui, car nous avons aussi des placards à l’ERT, c’est vraiment comme à l’usine. On doit mettre une tenue de travail sécurisée spécifique à l’ERT, avec les chaussures de sécurité avec le bout métallique, la totale quoi...
Qui ne s'est jamais retrouvé en slip dans la petite brume du matin en train de se changer dans un hangar métallique glacial en compagnie d'autres gars aussi mal réveillés et enthousiastes que soit, ne sait pas ce qu'est vraiment le bonheur. Oui, les joies de l’usine ne cessent de me sauter aux yeux, et plus la journée avance, plus mon moral fait de merveilleux sauts de cabri … vers les profondeurs abyssales de la dépression.

En sortant de ce putain de vestiaire, je remarque une salle que je n’avais pas remarqué la première fois que j’étais venu visiter. J’entends des bruits de conversations, et je rentre donc pour voir ce que c’est. Je découvre une salle avec plusieurs tables, des chaises, un comptoir, toutes sortes de bouteilles derrière ce comptoir ainsi qu’une machine à café, des tasses, etc, etc .. Et là je me rends compte de ce qu'est cette salle : un bistrot !! Un vrai bistrot !! Ici, à l'ERT !! Je dois avouer que j’en suis sur le cul. Je n’en reviens pas. Les gradés se sont tout simplement aménagé un bistrot à l'intérieur de l'ERT !!! Et après on se demande d'où vient la « légende » qui veut que les militaires soient des alcolos !!!
Les gradés à l'intérieur du bistrot me voyant en train de les regarder la bouche ouverte m’invitent à rentrer et on m’explique que c’est le bistrot de l’ERT, que c’est super sympa, tout ça. Bon, pour vous dire la vérité (mais je pense que vous l'aurez deviné), je ne suis pas très bistrot. Je ne vois pas l’intérêt d’aller dans un bistrot se pochetronneralors qu’on peut le faire tranquillement chez soi à l’abri des regards indiscrets. Et en plus, je ne bois pas d’alcool, ni de Coca, ni aucune de ces saletés de boissons gazeuses, je trouve ça dégueulasse. Non, la boisson de choix, pour moi, c’est l’eau. Je ne comprends pas qu’on puisse vouloir boire quoi que ce soit d’autre. Je trouve ça tellement bon ! Bon, je dois avouer que je ne refuse pas un verre de sirop à la Grenadine ou d’Ice Tea à la pêche quand il fait chaud, mais c’est tout. Et puis c’est vraiment à l’occasion, je ne changerais pas de trottoir juste pour aller boire un Vittel-fraise dans un bistrot.

Donc autant vous dire que pour moi, la découverte de ce « bistrot militaire » n’est pas exactement fondamentale. Mais il se trouve qu’ils servent aussi des petits-déjeuner avec du chocolat au lait, dans ce bistrot. Et ça, c'est déjà plus à mon intéressant.
Car comme je crois vous l’avoir dit plus haut, le chemin pour aller à l’ERT est assez long à cause de cette connerie de Vigipirate et des grilles fermées qui nous obligent à faire un assez long détour.
En découvrant qu'ils servent des petits déj au bistrot de l'ERT, je me dis donc que si je peux venir directement à l’ERT prendre mon p’tit déj sans devoir passer par la cantine, ça me ferait pas mal de chemin en moins et du temps (et donc du sommeil !) en plus. Oui, parce que aller de l’hébergement à la cantine, faire la queue, prendre son p’tit déj, puis refaire le chemin en sens inverse pour contourner toutes ces putains de grilles et enfin arriver à l’ERT, ça prend quand même pas mal de temps.

Mais j’aurais dû me douter que cette histoire de bistrot était trop belle pour être vraie et qu’il y aurait une couille quelque part.

lundi 1 mars 2010

Chapitre 15 : Ma première journée de travail à l'ERT, Part 1

Vous savez quelle est la seule et unique chose qui est vraiment bien au service militaire ? Non ? Vous ne voyez pas ? Eh bien je vais vous le dire. La seule et unique chose qui est vraiment bien au service militaire c'est qu'on sait que ça va finir un jour ! Et on connait même le jour où on sera enfin libre, vu qu'il est écrit sur notre badge ! Pas comme dans la vie normale, ou ça ne finit jamais. Parce que vous je ne sais pas, mais moi j'ai toujours aimé avoir des objectifs, un horizon à atteindre. Ça me rassure. Par exemple, à l'école, puis au collège et au lycée, j'avais un objectif bien déterminé : passer dans la classe supérieure. Je savais pourquoi je travaillais, j'aspirais à ce but.

J' entame donc ma première journée de travail effectif à l'ERT passablement déprimé par la perspective de savoir que quoi qu'il se passe, je vais de toutes façons travailler 9 mois dans ce hangar de merde, mais rassuré par la perspective de savoir que cela ne va durer QUE 9 mois et pas un de plus. Sauf bien sûr, si j'ai le malheur d'aller au trou. Et oui, le fameux trou. La « prison » de la base. La règle est la suivante : celui qui va au trou, pour quelque raison que ce soit, se voit rajouter la moitié de ses jours de trou en service militaire.
Vous avez compris ? C’est pas très compliqué en fait, je vais vous donner un exemple : si un gars est condamné à faire deux semaines de trou, il devra donc faire une semaine de service militaire en plus. Le gars fera donc 10 mois ET une semaine de service. Et comme personne ne veut faire plus de service que strictement nécessaire, la plupart des gens se tiennent à carreau. Mais il y a des exceptions, comme toujours. Il y en a certains, on dirait vraiment qu'ils aiment aller au trou, vu qu'ils font tout pour ça. J'ai connu un gars (je ne me souviens plus de son nom) qui était un shootard de première. Un jour il s'est fait coincer avec une grosse quantité de cannabis, et il a été condamné à faire DEUX MOIS de trou ! Ce qui fait qu'il a du faire un MOIS de plus à l'armée !!
Or 10 mois de service + 2 mois de trou + encore 1 mois de service = 14 mois à l'armée !!! 1 an et 2 mois au lieu de 10 mois !! Je vous dis pas comment il avait la haine !

Mais des cas comme ça sont quand même assez rares. La plupart des gars font en moyenne 3 ou 4 jours de trou.
Et puis on dit le trou, mais il ne faut pas exagérer non plus. Le confort est certes assez spartiate, mais ce n'est quand même pas la cellule d'Edmond Dantès au château d'If !
Je ne vous cacherais pas que l'éventualité du trou ne m'angoisse pas trop. Car comme je pense que vous l'avez deviné, je ne suis pas exactement ce qu'on peut appeler un fauteur de troubles, et les rares fois ou j'ai été puni dans ma vie, cela a été du à des mensonges d'autres personnes ou à des mauvaises notes. Vous savez, souvent dans les séries américaines, quand ils vérifient le casier d'un suspect, ça donne quelque chose comme « Son casier est vide, il a eu un PV en 20 ans ! ». Eh bien voilà, ce gars-là, c'est moi. La seule différence est que ce genre de gars se révèlent souvent être des serial killers, ce qui, je vous l'assure, n'est absolument pas mon cas.

Autant vous dire qu'en ce premier jour de travail à l'ERT, l'idée que je risquerais un jour de faire du trou ne m'effleure même pas. Et pourtant …

Mais nous parlerons de cela en temps voulu, respectons l'ordre chronologique des évènements, enfin, zut, quoi !