Mais, les premières choses en premier, comme disent nos amis anglo-saxons. Laissez-moi vous décrire le merveilleux bâtiment ou nous sommes logés. Il s’agit, je l’ai dit d’un bâtiment conçu et construit pour loger des militaires. Le moins qu’on puisse est que le confort est spartiate. Il est assez grand et il y a deux étages, si mes souvenirs sont bons. Devant le bâtiment, il y a une esplanade assez large pour pouvoir rassembler des gens en rang d’oignons. On peut pénétrer dans le bâtiment par trois portes. Il y en a une sur chaque côté, et une au milieu. C’est celle-ci qui nous intéresse car il s’agit de la porte principale qui donne sur la « semaine ». Une fois à l’intérieur, on peut monter ou descendre, car il y a aussi des chambres en dessous, au rez-de-chaussée. Quand on monte les 7 ou 8 marches vers le haut, on atterrit directement sur la semaine. L’une des principales fonctions des gradés qui occupent la semaine, à part nous faire chier, bien sûr, est de nous donner les clés de nos chambres.
Laissez-moi vous expliquer comment ça marche. Pour avoir la clé de sa chambre, il faut se présenter à la semaine, frapper à la porte, saluer, attendre qu’on vous donne la parole, annoncer le n° de sa chambre, donner son badge nominatif à l’officier, qui vous donne la clé de votre chambre en échange. Et donc l’inverse pour récupérer son badge le matin quand on part pour la journée. Inutile de dire que cette règle nous était répétée à longueur de temps, comme l’étaient les inévitables sanctions qui s’abattraient telle la misère sur le pauvre monde si jamais nous perdions nos badges.
Car il faut savoir que sur une base militaire, personne ne va nulle part sans badge. Même les visiteurs occasionnels ont droit au leur. Et le nôtre doit nous faire 10 mois.
Une de mes plus grandes hantises était donc de perdre mon badge. Et comme je suis bonne poire, c’est moi qui, le plus souvent, vais à la semaine échanger mon badge contre la clé de la chambre. Mais ces connards de gradés nous gardent dans un état de stress tel que, un jour, j’ai pété les plombs.
Comme je lai déjà dit, la semaine était située au début du couloir, et ma chambre était à la fin du couloir. Un jour, donc, j’ai été chercher la clé, j’ai parcouru le couloir, et arrivé devant la chambre avec mes colocataires, j’ai vérifié, comme je le fais souvent machinalement, si j’avais bien mon badge accroché sur ma poche poitrinale gauche. Et là j’ai vu qu’il n’y était pas. Et j’ai pété les plombs. Je me suis mis à hurler « Je l’ai perdu ! J’ai perdu mon badge ! Il était là ! Où est-ce-qu’il est ! Je l’ai perdu ! Y vont m’tuer !! ». Et ce sont les copains qui, immédiatement, m'ont dit de me calmer, et m’ont surtout rappelé que j’avais échangé mon badge contre la clé de la chambre une minute avant. Seulement voilà, j’étais tellement stressé par toute la situation et l’atmosphère militaire, et par la répétition constante des sanctions qu’on se mangerait sur le coin de la gueule en cas de perte du badge, que j’avais complètement oublié que c’était moi qui avait été chercher la clé. Inutile de dire que mon soulagement fût à la hauteur de mon angoisse.
Mais je trouve que cet exemple illustre bien les effets du stress et des situations stressantes sur les gens, et je comprends mieux maintenant certaines informations qu’on peut voir dans les journaux sur des gens qui pètent les plombs. Il suffit de vraiment pas grand-chose !
Rendez-vous compte, il m’a suffit d’un peu moins d’une minute, le temps de parcourir un malheureux couloir d'une centaine de mètres, pour complètement oublier que j’avais échangé mon badge contre la clé et péter les plombs d’une façon cosmique. C’est quand même dingue !
Mais revenons à nos moutons. Dans le merveilleux bâtiment militaire où nous logeons, il y a donc des chambres. Et moi et mes potes sommes locataires d'une de ces charmantes grandes pièces au charme suranné, située au 1er étage juste en face d'un des trois cabinets de toilettes de l'étage. Laissez-moi vous décrire notre petit nid douillet. Il s’agit, je l’ai dit, de chambres construites dans une optique militaire. Autant dire que la notion de confort est appliquée du point de vue des Spartiates, ces grands épicuriens de la Grèce antique. C'est-à-dire le minimum syndical. Six lits, six armoires, point barre. Ah non, j’oubliais, il y a aussi une grande table au fond de la chambre, avec 4 chaises.
Comme je lai dit précédemment, ce sont des bâtiments assez anciens, et la chambre est donc assez grande et haute de plafond. Ce qui est d’ordinaire assez appréciable, mais qui l’est beaucoup moins quand il fait -5° dehors et que la dite chambre est mal chauffée. Autrement dit : on se les gèle !
Surtout dans les jambes. Encore, sur le haut du corps, on peut mettre plusieurs couches de vêtements (1 sous-pull, 1 pull, et le vêtement militaire), mais dans les jambes, à part des chaussettes, zob ! C’est pour ça que j’ai énormément apprécié les « collants » que les militaires nous avaient filés et que je ne les ais pratiquement pas enlevées durant toutes mes classes. Ah oui, ça schlinguait. Mais croyez-moi, je n’étais pas le seul à schlinguer.
Et qu’est-ce-qu’on fait donc pendant nos classes ? Eh ben on apprend à être un soldat. Et qui c’est qui nous apprends à être des soldats ? Des gradés bien sûr.
Les gradés, donc. Des militaires. Des têtes de cons, quoi. On était divisés en groupes, et chaque groupe se voyait attribuer deux sergents, qui étaient chargés de nous enseigner les rudiments de la vie militaire. Après, il y avait les gradés au-dessus, comme sergent-chef, capitaine ou lieutenant, mais ceux-là, on ne les voyait pas beaucoup pendant les classes.
On nous avait donc affecté deux sergents. Pour être honnête, ils n’étaient pas totalement cons, et un des deux était moins con que l’autre.
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